De l'importance de rassurer
Cette réflexion fait suite à différentes situations que, Fabienne et moi, avons vécues lors de notre voyage de noce.
Durant la première partie, seul Pascal apparaissait au côté de Fabienne, puis une ou deux apparitions de Claire mais uniquement lorsque nous étions en excursion, seules, toutes les deux. Cependant il ne s'est pas passé un seul instant sans que nous ne nous fassions examiner du regard par les autres résidents de l'hôtel ou les Crétois. Des regards curieux, des regards étonnés et parfois des regards lourds, de ceux qui laissent paraître le peu de savoir-vivre de ses propriétaires. A ceux-là Fabienne répondait en m'embrassant très tendrement, ce qui n'était pas pour me déplaire. Ce n'était pas de la provocation de notre part mais simplement une réponse à une attitude discourtoise. A écouter les remarques du style "Votre copine marche vite!", "Bonjour mesdames!" ou bien encore, à voir la belle jupe qui m'a été imposée au couvent (voir photos voyage de noce), il était évident que face à mon apparence androgyne, l'AUTRE était persuadé que nous étions un couple de lesbiennes. Même s'IL pensait que j'étais celle qui "jouait" l'homme, j'en étais fier car IL me reconnaissait, bien involontairement, ma part de féminité. Cette image me convenait par ailleurs très bien car je trouve très beau deux femmes qui s'aiment...
Nous nous étions ainsi habitués à déjeuner et à dîner sous les projecteurs! Déterminé à confirmer mes théories sur cette curiosité, j'ai pris la décision le dernier jour, avec l'accord de Fabienne, d'inviter Claire au dîner. Lorsque nous sommes entrées dans la salle du restaurant, nous avons eu droit bien évidemment à l'inspection de rigueur mais elle était différente. Les regards semblaient apaisés. Ils semblaient rassurés. Une fois assises à table, les personnes qui me dévisageaient habituellement durant tout le repas, n'ont jeté qu'un bref regard de contentement. "Cette fois, c'est sûr, c'est une femme! On avait raison...!!!" Sans doute certains ont-ils gagné leurs paris ce soir-là.
Pourquoi avons-nous besoin de mettre une étiquette sur les personnes que nous croisons? Pourquoi ne pas simplement aller vers eux et écouter leur histoire plutôt que de tenter de les classer? Chaque être a le droit légitime d'exister pour ce qu'il est. Sa vie n'entachera jamais la notre alors ne le jugeons pas pour ce qu'il paraît.
25 mai 2008