A la recherche de soi
Lorsque je rencontre une nouvelle connaissance, l'une des questions inévitables est "Que faites-vous dans la vie?" Parfois, je réponds "Rien", parfois "Homme au foyer", ou bien encore "Je m'occupe de Fabienne". Il y a deux ou trois ans en arrière, je me serais senti mal à l'aise de dire "rien". Et vous, comment vous sentiriez-vous? Pour ma part, cela ne me gêne plus car je me suis affranchi du regard de l'autre le jour où j'ai accepté ce que je suis. De tout temps l'être humain a cherché à identifier à quel groupe, à quel genre ou à quelle classe, l'autre pouvait appartenir. Pour cela, il va lui falloir se classer lui-même dans un de ces groupes et va donc chercher la reconnaissance des autres pour exister en tant que membre d'une famille. Ainsi il existe pour les personnes, différentes comme-moi, des compartiments appelés "fétichiste" "travesti" "éoniste" "transgenre" "transsexuel". Je ne connais d'ailleurs pas toutes les cellules de l'armoire de rangement. Est-ce sans doute pour cela que l'on parle de sorti du placard? Faut-il, en plus, choisir par quel tiroir sortir ?
Pourquoi cette réflexion? Parce que sur de nombreux forums, je suis agacée par ce perpétuel débat de classification. Certaines en veulent à la terre entière de vouloir nous cataloguer alors que je vois sur ces forums des dénominations comme "travesti de salon" ou "travesti de rue". Notre différence est un questionnement permanent sur notre identité mais je crois que cela va bien au-delà de cela. Il nous faut nous trouver nous, en sachant nous libérer de notre environnement. Nous ne sommes pas différents(es) des autres. En effet chaque être humain qui vit sur cette terre se bat pour trouver son chemin ou sa destinée. Il aura besoin de sentir accepté par les autres pour se trouver et s'affirmer mais s'il veut aller jusqu'au bout de sa route, il lui faudra ensuite se libérer du regard de ces mêmes autres. Certains chemins sont sans doute plus difficiles, je vous le concède, mais notre quête n'est pas unique. Même si nos questions existentialistes sont différentes, le respect de l'autre est important. Cela éviterait à celles et ceux qui n'ont pas encore trouvé leur chemin de reprocher à d'autres leurs choix, notamment l'annonciation de notre différence à notre entourage. La vie n'est qu'une longue suite de choix, plus douloureux, les uns que les autres, mais nous n'avons qu'une seule vie. A vous de décider si celle-ci ne vaut pas le coup d'être vécue à fond. Comment offrir le bonheur aux autres si la souffrance nous tord le cœur?
Je suis enfin heureuse d'être ce que je suis et pourtant je n'ai jamais répondu à la grande question "Qui suis-je?". Pourquoi le ferais-je? J'ai atteint mon Graal, je suis simplement moi.
26 septembre 2008