Plénitude

Cela faisait plus d'un an que je n'avais plus pris la plume. Je ne sais si ces états d'âmes intéresseront quelqu'un mais, comme toujours, ils n'engagent que moi…

Un an! J'avais besoin de ce recul pour réussir à accepter les attaques personnelles venues du monde transgenre. Je comprenais et je comprends toujours, leurs souffrances et le mal-être qui en découle mais je ne pouvais accepter d'en être le bouc émissaire au travers de jalousies maladives et agressives. Fabienne et moi étions sortis de l'anonymat, à nos risques et périls, pour parler d'espoir au travers du témoignage de notre bonheur. Nous pensions que les agressions viendraient "des gens". Grossière erreur! Ces-derniers nous ont témoigné une noblesse de cœur étonnante. Comment ces gens prétendument démoniaques pouvaient-ils être si ouverts et les trangenres, que je croyais tendres et sensibles, être aussi aigris et durs? Je ne comprenais plus rien. Finalement, à 53 ans, j'ai fait le choix d'aller vers les diaboliques adorables et de m'éloigner des faux gentils. Depuis, je ne me suis jamais senti aussi "normal" dans ma différence. Bien entendu, tout le monde transgenre n'est pas aussi terrible que j'ai bien voulu le décrire plus haut. Des amies comme Karen, ClaireB, Julie, Cynthia et bien d'autres sont là pour me faire mentir.

Je n'ai plus rien à prouver, ni à moi, ni aux autres. J'ai cherché si longtemps à savoir si j'étais masculin ou féminin et, aujourd'hui, je confirme plus que jamais: je suis simplement moi. Pour répondre également à celles qui m'agressent sur ce sujet, je n'ai pas besoin d'aller me faire opérer ou d'avoir des relations homosexuelles pour me prouver que je suis une femme. Désolé(e)! Je prends autant de plaisir à me promener en costume cravate avec Fabienne à mon bras qu'à mettre un tailleur et à partir m'éclater avec elle. Fabienne ne m'impose rien. Elle m'aime tel(le) que je suis. Mon fils m'aime tel(le) que je suis. Mes amis(ies) m'apprécient tel(le) que je suis. Pouvez-vous en dire autant de ceux qui vous entourent?

J'ai perdu mon père à Noël. Cela me fait bizarre de dire MON père. En fait un homme est mort à Noël, un homme qui avait établi une relation basée sur des rapports de force dès ma venue au monde. Un homme qui n'a jamais accepté son fils tel qu'il était. Lassé de toujours vouloir lui plaire pour qu'il m'aime et n'étant pas quelqu'un qui se laisse marcher sur les pieds, nous ne nous sommes finalement jamais croisés. Ma mère, quant à elle, a fait le choix de suivre aveuglément son mari et de trahir ainsi l'amour de son fils. Aujourd'hui, il est parti et elle reste seule. Elle est adulte, elle ne peut en vouloir qu'à elle-même d'avoir fait un jour ce choix. Ah oui ! Je leurs dois la vie… je me serais passé de cette vie. Je ne leurs dois rien. C'est à moi et à moi seul que je dois d'exister aujourd'hui. La page de mon passé est définitivement tournée.

J'ai eu une vie, autant personnelle que professionnelle, particulièrement riche en rencontres diverses et variées et c'est cette même vie qui m'a appris que face à l'adversité, vous vous retrouverez toujours seul face à vous-même. L'autre choisira toujours la raison en dernier recours, SA raison, souvent par peur du défi, de l'inconnu, du changement. Pourtant cela ne m'a jamais empêché d'être toujours prêt à donner jusqu'à mon dernier sou à ceux que j'aime. Idéaliste ? Sûrement. La raison des autres m'a tellement pourri la vie que j'ai toujours laissé parler mon cœur avant ma raison. Cela n'a pas toujours été sans mal. J'ai pris un certain nombre de claques à vouloir toujours défendre la veuve et l'orphelin, aussi bien dans ma vie scolaire que professionnelle, mais à chaque fois je retournais au combat. Souvent déçu, je n'ai cependant jamais voulu céder à la facilité, c'est pourquoi je reviens, plus serein que jamais, avec ce nouveau site. Ma transidentité étant devenue tellement naturelle, je suis enfin libre de me consacrer à mes passions.

05 avril 2010

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